“ Forêt relique et centenaire, la Sainte Baume attire depuis toujours pèlerins et randonneurs, venus se ressourcer dans ce havre de verdure et de spiritualité. Sainte Marie-Madeleine vécut ici-même les 30 dernières années de sa vie. ”
Le soleil est enfin au rendez-vous. La nature de cette fin de printemps porte ses plus belles déclinaisons de vert.
Un des plus beaux sanctuaires de verdure du territoire se trouve à une petite demi-heure de chez moi : je décide d’aller y randonner, et le temps s’y prêtant, c’est décidé, je grimpe jusqu’au sommet !
Après avoir passé le village de Nans les Pins, je prends de la hauteur. Quelques virages plus loin, je fais une pause pour observer la vue : les collines et leur calme m’entourent. Je me rapproche de la Sainte Baume ; j’aperçois mon but : le Saint Pilon et sa chapelle, la falaise qui se dessine dans le ciel azur.
En arrivant, je me gare à l’Hostellerie. Je prends connaissance de mon parcours jusqu’au sommet : 3 heures et 6,5 km de marche, un niveau moyen, avec un dénivelé de 450 m. Je garde en tête le balisage jaune qui sera mon fil d’Ariane !
Il est 9h45 : je pense être en haut pour 12h. Mon pique-nique sur le dos, c’est parti pour la rando !
Dans les jardins de l’Hostellerie, la Sainte Baume se dresse devant moi. Majestueuse et habillée de verdure et de pierre. Je me tiens face à elle, et prends quelques instants pour me charger d’énergie avant de commencer la montée par le chemin du Canapé.
Sous les châtaigners, je m’avance dans la forêt. La lumière du soleil sublime la cime des arbres et les feuillages. Je suis seule, entourée de hêtres centenaires immenses, qui font le charme et le côté mystique de cette forêt.
Le chemin du Canapé traverse les sous bois. Je suis le petit sentier de terre, et grimpe une à une les marches aménagées en pierre, qui se fondent parfaitement dans le paysage. Tout est propice à ce sentiment unique : ne faire qu’un avec la nature. Aucun bruit, juste le chants des oiseaux.
Je m’approche de la falaise. Le paysage s’habille peu à peu de gros rochers posés au sol, tombés là il y a des centaines d’années…
Soudain, des cloches sonnent et enchantent ce sanctuaire de nature. Ce sont celles de la Grotte de Sainte Marie-Madeleine, nichée dans la falaise. Curieuse, je décide de m’y rendre avant d’entamer la dernière étape de mon ascension.
C’est un pèlerinage qui m’est proposé pour y parvenir : 150 marches à gravir. Je reprends mon souffle, animée par la découverte de ce lieu unique. Je lis qu’elle fut le dernier lieu d’habitation de Sainte Marie-Madeleine.
Accompagnée de sa sœur Marthe et de son frère Lazare, Marie-Madeleine débarquait aux Saintes Maries de la mer après avoir fuit la Terre sainte.
Pleurant Jésus, elle décide de s’abriter dans cette grotte naturelle ; à l’abri de tous, elle y vécut les 30 dernières années de sa vie. Ses reliques furent découvertes par Charles II d’Anjou à l’emplacement de la Basilique dans la ville de Saint Maximin.
Sur le parvis, 7 frères dominicains nous accueillent, vêtus de blanc et or, recueillis devant la statue de la Sainte. Il est 11h. La messe va commencer. Ils entreprennent une petite marche vers l’intérieur de la Grotte.
Avant d’entrer, j’admire la vue sur les collines si chères à nos artistes provençaux qui se dessinent à l’horizon : la Sainte Victoire et le Garlaban.
J’entre dans la grotte, toute humide des dernières pluies. Les frères entament le chant des psaumes. J’écoute, ébahie et touchée par la magie et la beauté du moment.
A la fin de la célébration, je me retrouve presque seule dans la grotte. Je suis emprise d’une sensation de bien être. L’atmosphère qui se dégage de ce sanctuaire est unique et mystique. Il fait frais.
Dans l’obscurité, je m’avance pour découvrir chacun des recoins mis en lumière par de petits cierges et bougies.
Sous l’escalier, une petite vitrine abritant un grand trésor : une relique de Sainte Marie-Madeleine, à l’abri dans son coffre de verre. En repartant, je prends le temps d’observer chacun des vitraux, assez modernes, qui retracent les grands moments de la vie de Marie-Madeleine.
Je reprends mon chemin, descends une à une les marches de ce sanctuaire. Cette petite heure de détour est un arrêt dans le temps. Je ne m’imaginais pas vivre autant d’émotions aujourd’hui, si ce n’est sportives ! Quelque chose a changé.
Le sentier vers le sommet de la Sainte Baume est beaucoup plus caillouteux. Je croise quelques groupes de randonneurs, certains m’encouragent ; je ne dois plus être loin.
Au dernier virage, j’ajoute à mon tour une pierre au cairn… J’y suis presque.
De là haut, tout est vaste, tout est grand. Il semble que l’on peut toucher les nuages du bout des doigts.
Côté sud, on reconnaît le circuit du Castellet, et j’aperçois au loin la mer et la baie de Bandol.
Je m’avance vers la chapelle du Saint Pilon : rénovée récemment, elle abrite une représentation de Sainte Marie-Madeleine portée par les anges.
Avant de manger, je m’assois quelques instants sur un rocher au bord de la falaise, les pieds dans le vide : j’aime cette sensation de lâcher prise, de me sentir légère après une randonnée. J’ai le luxe de choisir la vue pour mon déjeuner : ce sera côté forêt. A l’aplomb, je sais que la grotte n’est pas loin. Secrète et cachée, elle m’a révélé des secrets lointains auxquels je n’aurai jamais pensés.
Je redescends dans la plaine en empruntant le fameux Chemin des Roys. Au cours des siècles, grands rois de France, reines et papes l’ont foulé en allant en pèlerinage vers la grotte. Plongée dans mes pensées, je sais maintenant que Marie-Etienne Vayssière, frère dominicain et gardien de la grotte avait raison : « A la Sainte Baume, on arrive en randonneur, on repart en pèlerin ».
Bienheureux celui qui au détour d’un chemin recevra la sublime envolée d’un autre univers. Il pourra dire qu’il a vu…
Distance en km | 6 |
Durée | 3h00 |
Dénivelé | +400m |
Difficulté | moyen |
“ Maman de 2 enfants et passionnée de photographie et d'architecture, je travaille à l'Office de Tourisme de La Provence Verte et suis en charge de la mission Villes Sanctuaires. ”