“ Ville de l’eau, Barjols s’est déployée grâce aux nombreuses sources alentours qui ont donné naissance à ses 28 fontaines, ses 14 lavoirs et ses tanneries. À Barjols, le clapotis des eaux accompagne les habitants et les visiteurs partout, créant une atmosphère paisible et rafraîchissante. ”
Symbole de richesse, les fontaines de Barjols sont pour beaucoup nées des dons des familles les plus aisées de la ville. Ces mécènes, en collaboration avec la commune, ont fait appel à des artistes locaux qui donnèrent vie à ces ouvrages via des formes et sculptures originales.
Cette eau, si précieuse, a été très tôt canalisée pour donner accès à l’eau potable aux barjolais, permettant ainsi d’éradiquer les épidémies qui faisaient des ravages aux siècles derniers.
Au fil du temps et des quartiers qui se construisirent, les fontaines et lavoirs façonnèrent l’histoire et forgèrent la singularité de la ville.
Certaines se distinguent par leurs formes comme la fontaine du Champignon et les autres par leurs fonctions telles que les monuments aux morts ou le lavoir de l’hospice. D’autres encore, portent des noms, pour le moins singuliers : la Fontaine du Bœuf, symbole de la fête de la Saint-Marcel et des tripettes ou encore la Fontaine Raynouard qui porte le nom de son donateur…
Grâce à l’omniprésence de l’eau, la ville de Barjols s’est rapidement tournée vers l’industrie de la tannerie qui nécessitait de grandes quantités d’eau. L’histoire débute au XVIIème siècle, Henri IV autorisa l’implantation de la première tannerie industrielle. Le village devient alors son moteur économique pendant plus de 300 ans et lui vaudra le nom de « petite capitale française du cuir ». Au XIXème siècle, plus de 30 tanneries égayaient alors le paysage barjolais, temps de la prospérité et du travail. Plus tard, dans les années 1950, on ne comptait plus que trois grandes tanneries qui traitaient néanmoins 7 % de la production de cuir au niveau national. Aujourd’hui fermées, les anciennes tanneries de Barjols constituent un patrimoine historique et industriel conséquent. Certaines d’entre elles ont été réhabilitées et se sont vu offrir une seconde vie en devenant des ateliers d’artistes.
Ce quartier, habité depuis le XIIème siècle, est le plus ancien de la ville de Barjols. Il s’est développé sous l’ancien château, à proximité de la Collégiale Notre-Dame de L’Assomption et est traversé par le ruisseau des écrevisses. Dans les années 80, le quartier, alors vétuste, a subi des travaux qui révélèrent de nombreux vestiges tels que les traces de premières tanneries artisanales (bacs de tannage datés du 16ème siècle), les presses de moulin à huile et l’emplacement de roue à aube.
Ces découvertes sont mises en valeur sur deux restanques de tuf fleuries et attestent de l’ingénierie des barjolais face à leur plus grande richesse : l’eau.
Véritable écrin de nature, le site est classé zone Natura 2000 pour les espèces insolites qui vivent et bénéficient de l’abri du Vallon et des eaux du Fauvery. Un vallon de 31 hectares, occupé à partir du XVIIème siècle par les Carmes déchaux, un ordre religieux, à qui l’on doit le nom du site. Ils y restèrent plus d’un siècle, et l’on trouve au vallon leur chapelle troglodytique et notamment l’atypique autel aux coquillages ainsi que les cellules qu’ils occupaient.
À leur départ, le vallon prit des fonctions industrielles accueillant papeterie, tannerie et centrale électrique où l’eau fut encore une fois, mise à profit.
Aujourd’hui, réaménagé avec soin, le site offre de nombreuses passerelles, pontons et passages à gué au plus proche des cascades et lagons turquoise. En somme, une jolie balade alliant cascades, histoire et fraîcheur.
Barjols compte également dans son patrimoine d’exception, un édifice religieux classé monument historique : la Collégiale Notre-Dame de L’Assomption. La première église de style roman du XIème siècle fut très vite érigée au rang de collégiale (la seconde dans le diocèse du Var), avec pour vocation d’évangéliser le nord du territoire.
Durant les guerres de religion, les attaques subies par la ville impactèrent profondément les travaux. Au fil des siècles, les techniques de construction évoluèrent et donnèrent ainsi à l’église des allures gothiques.
Parmi les trésors de ce monument historique, on trouve un superbe orgue du XVIIIème siècle, un tableau de Van Loo représentant la Sainte-Famille, le buste reliquaire de Saint-Marcel et sa relique (une phalange du Saint sauvée du bûcher au XVIème siècle) ainsi que les vitraux colorés relatant son miracle, qui sont d’une grande beauté.
La Saint-Marcel est une fête mi-païenne, mi-religieuse célébrée chaque année le 17 janvier à Barjols, et ce, depuis près de 700 ans. À cette occasion, les barjolais célèbrent les offices religieux au sein de la Collégiale et organisent « la danse des Tripettes ». En voici les origines...
En 1349, Saint-Marcel apparaît en songe à un moine gardien de son tombeau qui tombe en ruine, et lui demande de déplacer son corps dans un endroit plus digne. Sous l’égide du Comté de Provence, les villes d’Aups et Barjols souhaitent toutes deux récupérer les reliques. Le 17 janvier suivant, les barjolais dérobent les reliques pour les rapporter au village.
À leur arrivée, ils rencontrent des femmes lavant les tripes d’un bœuf en mémoire de celui qui avait sauvé Barjols de la famine quelques années auparavant. En liesse, tous se rassemblèrent en cortège vers la Collégiale en chantant « San Maceou, san Maceou lei tripeto vendran leu » et en sautillant et secouant les tripes dans les paniers autour des reliques, conduisant ainsi à l’appellation de la danse des « Tripettes ».
Aujourd’hui encore, chaque week-end qui suit le 17 janvier, les barjolais célèbrent la Saint-Marcel en reproduisant la danse des « Tripettes » au sein de la Collégiale. Les aubades, le défilé des fifres, tambours et tromblons, la procession des reliques dans les rues rythment cette fête médiévale traditionnelle, chère au cœur des barjolais. La bénédiction d'un bœuf devant l'église et sa mise en broche n’a plus lieu que tous les 4 ans en moyenne.